Journée Internationale des Populations Autochtones (JIPAu)
Cadre International de protection des Populations Autochtones
Selon les critères internationaux, les peuples autochtones ou indigènes sont des peuples qui ont conservé à travers les âges, leurs systèmes traditionnels d’organisation, leurs façons de vivre et leurs cultures propres, malgré l’usure du temps et les influences extérieures. A cet effet, leurs besoins, demandes et conceptions sont propres et uniques à leur peuple, et surtout différents de ceux de leurs sociétés nationales respectives.
Suite à ce différentiel et à ce décalage, les peuples autochtones doivent avoir le droit et la capacité, au même titre que les autres, de participer à la vie publique et de contrôler effectivement leur destin et toutes les actions qui les affectent. Ils pourront ainsi garantir leur droit de décider, de conserver et de développer leurs façons de vivre différentes, tout en participant au développement de leurs communautés.
Ces populations se caractérisent également par leur vulnérabilité du fait de la marginalisation et de la discrimination dont elles font généralement l’objet à cause de leur spécificité et aussi de la relation particulière qu’ils entretiennent avec leurs cultures, leurs terres et leurs territoires.
Un mouvement international de défense des droits des peuples autochtones a été initié depuis 1970 par l’Organisation des Nations Unies (ONU) avec des actions significatives mises en œuvre, parmi lesquelles :
La création en 1982 par le Conseil Economique et Social, du Groupe de travail sur les populations autochtones, qui est un organe subsidiaire de la sous commission de la lutte contre les mesures discriminatoires et de la protection des minorités ;
La création en 1985 par l’Assemblée Générale, du Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour les populations autochtones, qui aide des représentants des communautés autochtones et d'organisations de populations autochtones à assister aux sessions du Groupe de travail sur les populations autochtones, en leur apportant une assistance Financière ;
La proclamation par l'Assemblée Générale à travers sa résolution 45/164 du 18 décembre 1990, de l'année 1993 comme Année Internationale des populations autochtones ;
La proclamation par l'Assemblée générale, à travers sa résolution 48/163 du 21 décembre 1993, de la Décennie Internationale des populations autochtones (1995-2004), en vue de renforcer la coopération internationale dans la résolution des problèmes qui se posent aux communautés autochtones, et la création par l’AG, d’un fonds spécial, le Fonds de contributions volontaires pour la Décennie internationale des populations autochtones, pour aider à financer les projets et les programmes de la Décennie ;
L’institution par l’AG à travers sa résolution 49/214 du 23 décembre 1994 (parag. 8), de la Journée internationale des populations autochtones (le 09 août de chaque année) ;
L'Organisation Internationale du Travail (OIT) a également œuvré pour la reconnaissance des droits des peuples autochtones depuis sa création, avec notamment l’adoption en juin 1989, de la Convention N° 169 relative aux peuples indigènes et tribaux.
Au niveau Africain, l’adoption de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples par l’Union Africaine (UA) a été un moment culminant dans la prise en compte des droits des peules autochtones en Afrique. L’UA a également institué, à l’image des Nations Unies, la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, ainsi qu’un groupe de travail d’experts sur les peuples/communautés autochtones.
Situation au Cameroun
Le Cameroun est un État partie à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Il a déjà soumis un Rapport initial soutenu le 05 mai 2002 à Pretoria (Afrique du Sud), au cours de la 31ème Session de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Un premier rapport périodique a également été défendu au cours de la 39ème Session (09 mai 2006) à Banjul (Gambie), ainsi qu’un deuxième rapport périodique présenté en 2010.
La Journée Internationale des Populations Autochtones est ainsi célébrée de façon officielle au Cameroun, depuis 2009 et le choix des thématiques démontre le souci des pouvoirs publics de garantir une prise en compte effective des spécificités des groupes ainsi identifiés dans tous les aspects du développement socioéconomique de notre pays :
2009 : Populations Marginales, diversité et richesses culturelles : Atout pour le développement dans un contexte de la mondialisation,
2010 : Inclusion socio-économique des populations autochtones vulnérables: Défis et opportunités ;
2011 : Populations autochtones vulnérables et accès à la citoyenneté : gage d’une participation effective à la vie nationale ;
Le Cameroun se caractérise en effet par l’extraordinaire diversité de ses peuplements, avec plus de 250 ethnies. Depuis l’indépendance, la politique gouvernementale s’est attelée à assurer l’unité nationale, et l’une des stratégies mises en place à cette fin a consisté en la promotion de « l’intégration nationale ». Celle-ci consiste en un effort de brassage des populations dans le but d’améliorer la compréhension entre elles, et de réduire les particularismes.
La Constitution du 18 janvier 1996 de la République du Cameroun, dans son préambule, stipule que «l’Etat assure la protection des minorités et préserve le droit des Populations Autochtones conformément à la loi ».
En l’absence d’une définition unanimement admise de la notion de « populations autochtones » et sous réserves des conclusions de l’étude en cours sur la question, la référence aux critères internationaux d’identification à l’instar de ceux contenus dans la directive opérationnelle 4.201 de la Banque Mondiale, permet d’établir l’existence desdites communautés au Cameroun. On peut ainsi en citer deux grandes catégories : les communautés Bororos et les communautés Pygmées.
Objectif général de la JIPAu
L’objectif général visé par la Journée Internationale des Populations Autochtones est de sensibiliser l’opinion nationale et internationale sur l’engagement du Cameroun à assurer, à travers le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE), la promotion et la protection des groupes sociaux vulnérables considérés comme autochtones au sens du droit international et de mobiliser l’ensemble des acteurs sociaux autour des enjeux sociaux, économiques et culturels qui entourent cette nécessaire prise en compte.
Objectifs spécifiques
Concrètement, il est question de :
Assurer la visibilité des actions engagées par le gouvernement avec l’appui de ses partenaires, en vue de l’intégration socioéconomique et culturelle des Populations Autochtones Vulnérables (PAV) ;
Sensibiliser tous les acteurs sociaux sur la nécessité de veiller à la prise en compte de la dimension sociale dans toutes les étapes de la réalisation des projets de grande envergure ;
Renforcer les capacités techniques des différents intervenants sociaux impliqués dans la promotion et la protection des droits des PAV ;
Sensibiliser les collectivités décentralisées sur leur rôle dans l’amélioration des conditions de vie des PAV à l’ère de la décentralisation ;
Engager un plaidoyer en direction des partenaires bilatéraux et multilatéraux en vue de la mobilisation des ressources nécessaires à la prise en charge des populations socialement vulnérables, spécifiquement des populations autochtones vulnérables ;
Mettre en place des mécanismes d’insertion et de réinsertion des Personnes socialement vulnérables dans tous les secteurs d’activités, y compris les Populations Autochtones Vulnérables.